Mot d’ordre : conscience
C’est la première chose qui sert pour faire face au Tor. Et si le dit Ruggiero Isernia, qui a coupé la ligne d’arrivée de toutes les éditions du Tor, on doit lui croire.
Le droit de participer à l’édition 2014 du Tor des Géants l’a gagné sur le champ, ou mieux sur les sentiers qui, comme unis par un fil subtil et long 330 km, tiennent ensemble les vallées et les arrêts du territoire de la Vallée d’Aoste. On ne pouvait que commencer par lui, Ruggiero Isernia, « sénateur » pour avoir pris part (et avoir terminé avec un très bon résultat) toutes les quatre éditions du Tor jusqu’à ici disputées. Une participation centrée sur la légèreté de tête et d’esprit, du divertissement et, avant encore, de conscience. Sans velléités de se classifier et avec un seul but essentiel : s’amuser. Autrement dit, comment aboutir un endurance trail avec le bon esprit.
Isernia nait à Vercelli, vit à Milan et fréquente Courmayeur depuis ‘très’ longtemps, à partir de quand ses parents achetèrent une maison pour les vacances.
« Mes frères et moi on s’est balader tout au long des prés des vallées, de la Doire et sur les premières langues de glace du Mont Blanc », rappelle le sénateur. « et on continu à le faire. J’ai fais un peu d’alpinisme en faisant beaucoup d’attention à la sécurité, pour suivre les potes qui en pratiquaient plus que moi ».
Voilà, la sécurité.
« La sécurité, avant encore d’avoir familiarité avec les matériaux qui te protègent, comme le vestiaire technique ou les instruments qui te disent où tu es et qui prévoient si un orage va arriver, c’est un question de tête. On doit envisager un quelconque Trail en montagne, et encore plus le Tor, avec la certitude d’avoir fait le mieux possible pour se préparer, avoir des attentes raisonnables et ne pas avoir peur de son propre orgueil dans le cas ou on se doit retirer pour un péril réel. En quatre mots : faire toujours, exagérer jamais. C’est vrai qu’avoir familiarité dès gamins, comme dans mon cas, avec la montagne et ses changeants aspects, aide beaucoup.
La seule chose dans laquelle j’exagère c’est mon bagage. Dans mon sac j’ai toujours des choses en plus de celles qui pourraient servir. Pour protéger mon, et en un certain sens, l’autrui sécurité. Je n’oublie jamais de recommander, à qui me demande des opinions sur le sujet, d’observer attentivement la partie du règlement qui concerne le matériel obligatoire. Je m’en fiche de la légèreté. Si tu ne cherche pas le podium, avoir un sac de 200 gr en plus parce que tu as deux paires de pantalons au lieu de un, ou une veste plus lourde que normalement, ne change pas ta prestation. Un autre aspect que je prend en considération c’est celui du correct repos. Moi, dans les différentes éditions du Tor, je n’ai presque jamais couru, pour sauvegarder les articulations : je les ai fait toujours en marchant avec un bon pas. Avec pour premier objectif d’arriver aux barrières temporelles nullement épuisé et avoir au même temps l’opportunité de manger et de me reposer, avec calme et régularité. Parce que l’anxiété est une mauvaise bête, fait augmenter énormément le stress. Certes maintenant j’ai l’avantage de bien connaitre le parcours et de savoir comment y faire face dans ses différents secteurs. Désormais chaque participant au Tor sait où se situent les parties plus prenantes et peut les essayer, même en les échelonnant, dans les semaines qui précèdent la compétition. »
Raisonnements simples et efficaces, pour cet athlète qui a commencé à faire ses premiers Trails seulement en 2008.
« Je m’était inscrit à une des épreuves de l’UTMB et, à Chamonix, dans un stand, j’avais vu une brochure où on parlait de la première édition du Tor des Géants. J’ai pris la brochure et je l’ai mise dans la poche, comme on fait toujours aux manifestations. Puis, des jours après, en le lisant mieux, j’ai découvert qu’on faisait le grand tour de ‘ma vallée’, et qui passait en bonne partie sur des parcours que je connaissait. Donc m’inscrire a été une chose naturelle, comme jouer à la maison. En outre la première édition a été celle où j’ai fais ma meilleure performance. Peut-être parce que je n’avais pas à me confronter avec des compétitions de la même longueur et dénivelée, on a tout été très prudent.
Comment je m’entraine pour l’édition 2014? Je cours 1h au matin, dans un parc de Milan, sur les sentiers de la Vallée dans le weekend et en courant quelque compétitions de longueurs croissante. Je veux arriver dans les meilleures conditions physiques et m’amuser. Comme toujours » .
Franco Faggiani